Que se passe-t-il en Chine ? Faut-il toujours y investir ?

07/10/2021
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Les actions chinoises sont malmenées depuis le début de cette année. L’indice des actions chinoises enregistre au 19 septembre 2021, une baisse de 14,7 % depuis le début de l’année alors que l’indice des actions monde enregistre une progression de 16,7 %. Une baisse qui affecte toute la zone Asie.

 

Que se passe-t-il en Chine depuis le début de l’année ?

Le gouvernement chinois a lancé une campagne de mesures sociales et réglementaires très fortes à l’encontre d’un certain nombre d’entreprises du secteur privé chinois, et ce, dans le cadre d’une politique visant à :

  • promouvoir la « prospérité commune » et « l’égalité sociale »,
  • accélérer l’innovation technologique, l’indépendance énergétique et monétaire,
  • rééquilibrer la croissance et encourager les entreprises à être plus responsables en matière de « durabilité » (critères ESG : environnementaux, sociaux et de gouvernance).

La Chine a pour ambition de devenir la première puissance politique et économique dans le monde.

Mais elle fait face à un problème démographique de taille avec un effondrement de la natalité au cours de la dernière décennie et sa population est vieillissante.

Ce problème démographique constitue l’une des premières préoccupations du leader chinois Xi Jinping.

 

Vers une prospérité commune

Le gouvernement chinois a annoncé un train de mesures visant à réduire les inégalités sociales, à améliorer la sécurité financière des consommateurs, ainsi qu’à réduire les coûts de l'éducation, de l'immobilier et des soins de santé. Il devrait de plus, réformer la fiscalité en augmentant l'impôt sur le revenu, les sociétés et les successions, et encourager les dons.

Ces mesures visent à rassurer les ménages, à les inciter à avoir plus d'enfants et à moins épargner (l’épargne représentait plus de 40% de leurs revenus en 2020).

La Chine veut par ailleurs, éviter une trop grande concentration de l’économie dans le secteur technologique, comme aux Etats-Unis.

En évitant une trop forte concentration des modèles d’affaires, les mesures prises doivent permettre aux petites et moyennes entreprises de mieux se développer face à des géants devenus trop puissants. 

Dans le prolongement de la volonté de réforme de l’industrie financière entamée en 2016 - désendettement des banques, contrôle du shadow banking - ces mesures prises auront un coût économique à court terme avec un ralentissement de la croissance, mais ont pour objectif de pérenniser la croissance. 

Les difficultés financières actuelles du promoteur immobilier « Evergrande » qui agitent les marchés financiers résultent du ralentissement du crédit en Chine initié par le gouvernement depuis plusieurs années dont la volonté est de faire baisser les prix de l’immobilier, contrairement à ce qui se passe dans le reste du monde.

Le cas « d’Evergrande » ne constitue pas un risque systémique pour le système bancaire chinois. Les actifs et les dettes d’Evergrande ne représentent que 2,2 % des actifs et des dettes de toutes les sociétés immobilières chinoises. La chine dispose de réserves financières colossales pour sécuriser son système bancaire et financier et pour gérer cette crise ponctuelle. Rappelons que la balance courante de la Chine (flux monétaires résultant des échanges de biens et services de la Chine avec l’étranger) est excédentaire contrairement à celle des Etats-Unis et d’un grand nombre de pays développés dont la France.

 

Des mesures réglementaires qui inquiètent les marchés financiers

Les mesures réglementaires imposent aux entreprises d’être plus responsables et plus transparentes dans le partage d’informations : informations sur l’actionnariat, la rémunération des dirigeants et la politique de cybersécurité. La sécurité des données doit être améliorée. A titre d’exemple, les publicités doivent être plus pertinentes et moins invasives, l’industrie des jeux devra limiter le temps d’accès aux jeux pour protéger les adolescents.

Ces mesures prises par le gouvernement chinois inquiètent les investisseurs internationaux et notamment, lorsque l’introduction en bourse sur le marché américain de l’entreprise Didi, le « Uber chinois », a été sabordée par les autorités chinoises en imposant le retrait de l’application le jour même en Chine. 

Néanmoins, les gérants de grandes sociétés de gestion (Pictet, Carmignac, JP Morgan, …) qui connaissent bien le marché chinois, estiment que la Chine a besoin de conserver les flux de capitaux des investisseurs étrangers. Le régulateur de la bourse chinoise et les autorités chinoises cherchent à coopérer avec les pays étrangers en matière d’audit et de supervision comptable. 

La société de gestion américaine « Black Rock » a été la première société financière étrangère autorisée cette année à pouvoir lancer récemment un fonds d’investissement en Chine sans passer par un intermédiaire local.

Ainsi, les mesures réglementaires prises par le gouvernement chinois ne doivent pas être vues comme une révolution mais plus comme un ajustement pour maintenir un équilibre économique et social dans un pays qui compte 1,4 milliards d’habitants. 

Le pays progresse à une vitesse très impressionnante et dans la bonne direction. C’est le point de vue de nombreux gérants qui estiment qu’il y a un décalage entre la réalité et la perception souvent négative que peuvent avoir les journalistes et les investisseurs de ce qui se passe en Chine.

La Chine est peut-être précurseur de mesures qui pourraient un jour être prises également aux Etats-Unis et en Europe ...

 

Les investisseurs ne peuvent plus ignorer l’Asie et notamment la Chine

L’Asie (hors Japon) est la région dont la croissance est la plus rapide au monde. Elle devrait représenter 50 % du PIB mondial d’ici 2045.

Dans seulement 10 ans, 45 % des classes moyennes mondiales seront établies en Asie et en grande partie en Chine. Aucune autre zone géographique ne devrait voir une partie aussi significative de sa population s’enrichir aussi rapidement et donc consommer plus.

La Chine, actuellement 2ème puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis devrait dépasser les Etats-Unis à l’horizon 2025 avec un PIB qui devrait représenter 21% du PIB mondial. Elle a par ailleurs su gérer la pandémie bien mieux qu’aux Etats-Unis et en Europe.

Les gérants de la plupart des sociétés de gestion qui connaissent bien le marché chinois et l’Asie en général sont unanimes : sur le long terme, la Chine et l’Asie (hors Japon) offrent les potentiels de croissance les plus élevés pour les marchés actions par rapport aux autres zones géographiques.

Les actions chinoises sont actuellement faiblement valorisées par rapport aux actions américaines ou européennes. Mais surtout, elles ne représentent que 4 à 5 % des indices mondiaux alors que les entreprises chinoises cotées totalisent environ 20% de la capitalisation mondiale. 

Il faut s’attendre à voir dans les années à venir, la part des actions chinoises significativement augmenter dans les indices ce qui sera porteur en matière de performance.