L’élection de Donald Trump, comme nouveau président des États-Unis et le pouvoir absolu dont il dispose, marquent un tournant pour le peuple américain mais aussi pour le reste du monde. L’application de son programme aura des répercutions à l’échelle mondiale et en particulier pour nous Européens et Français.
Je vous propose de parcourir les principales actions qu’il souhaite mener, d’en analyser les conséquences envisageables pour les États-Unis, l’Europe et la Chine et leur impact pour les placements.
Quels sont les principaux points clé de son programme ?
Lors de sa première investiture en tant que président des États-Unis, Donald Trump n’était pas prêt à assumer ses fonctions. Le candidat antisystème n’était ni organisé, ni bien entouré et son programme était confus. Nous ne savions pas à quoi nous attendre.
Aujourd’hui les choses sont différentes. Il dispose d’une équipe prête à agir et surtout d’un programme clair et surtout radical !
Voici les points clés de son programme à retenir :
- Une dérégulation maximale de l’économie : les entreprises auront moins ou plus du tout de contraintes réglementaires ou environnementales. L’opposé de ce qui se pratique notamment en Europe. Objectif : libérer les entreprises de contraintes pour qu’elles gagnent en compétitivité face à la concurrence étrangère.
- Des mesures de protectionnisme : augmentation très forte des droits de douane sur les importations. L’Europe et surtout la Chine sont ciblés. Objectif : que les Américains achètent avant tout, des produits américains pour favoriser l’emploi et la croissance américaine.
- Une baisse massive des impôts :pour les particuliers comme pour les entreprises ! Objectif : permettre aux entreprises d’investir, de se développer et aux particuliers d’obtenir un gain de pouvoir d’achat pour consommer.
- Un désengagement dans les conflits actuels ou à venir : Donald Trump ne veut plus que les États-Unis s’impliquent dans des conflits extérieurs pour des raisons avant tout budgétaires. Il cible en premier lieu la guerre en Ukraine, mais aussi au Proche-Orient avec Israël. Il souhaite aussi un désengagement partiel des États-Unis dans l’Otan. Objectif : recentrer une partie du budget destinée à ces dépenses militaires vers l’économie américaine pour permettre de financer notamment ses baisses d’impôts.
- Ne plus contraindre ou limiter la production de pétrole aux États-Unis pour faire baisser son prix, le prix des matières premières et diminuer ainsi l’inflation.
Rappelons que les États-Unis sont indépendants sur le plan énergétique ce qui leur confère un avantage concurrentiel majeur et leur permet également un désengagement militaire dans les conflits internationaux.
Un programme 100 % « America first » donc ! Et, ce qui est particulièrement frappant, un programme en opposition totale avec ce qui se pratique en Europe et en particulier en France !
Quelles conséquences peut-on attendre de l’application de son programme ?
Première conséquence : une croissance soutenue aux Etats-Unis et une mise en difficulté de l’Europe.
Les baisses d’impôts accompagnées des autres mesures énumérées précédemment sont un carburant puissant pour l’économie. Elles devraient prolonger le cycle de croissance soutenu des États-Unis qui a démarré à la fin du Covid. Les craintes de récession s’éloignent encore plus. La dynamique en Europe est inverse : l’économie ralentit, la croissance est très faible ou négative dans certains pays comme l’Allemagne. L’écart de richesse moyen entre le citoyen européen et le citoyen américain devrait encore s’accroître.
L’offensive protectionniste de Donald Trump cible en particulier la Chine, mais aussi l’Europe et en Europe, principalement l’Allemagne et son industrie, 2ème industrie exportatrice vers les États-Unis après celle de la Chine. Un risque de déstabilisation pour toute l’Europe, car l’Allemagne a été jusqu’à présent, le pilier économique et financier de l’Europe. Or, son modèle de croissance économique est aujourd’hui remis en cause.
Elle souffre du ralentissement chinois, son premier client qui va devenir aussi, son premier concurrent dans l’automobile, mais aussi dans d’autres secteurs de son industrie. Le programme de Donald Trump ne peut qu’aggraver la situation de l’économie allemande à un moment où le pays est aussi déstabilisé sur le plan politique. L’Allemagne doit réinventer son modèle économique et le sort de l’Union européenne en dépend.
La dérégulation de l’économie promise par Donald Trump ne peut qu’accroître la concurrence déloyale des entreprises américaines face à des entreprises européennes qui, en plus de payer leur énergie beaucoup plus cher que leurs concurrentes américaines, subissent une pression réglementaire toujours plus lourde de la part des institutions européennes, dont la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité absolue.
Face à la très forte hausse des droits de douane américains qui l’attend, la Chine va se tourner logiquement vers l’Europe pour déverser ses surplus de production à prix imbattables et concurrencer davantage les entreprises de la zone euro.
Sans réaction des institutions européennes et un changement de gouvernance, l’économie européenne prise en étau entre les deux super-puissances mondiales ne pourra que s’affaiblir avec pour conséquences, des fermetures ou délocalisations d’usines, une hausse du chômage et un abaissement du niveau de vie moyen des citoyens européens.
Deuxième conséquence : l’inflation et les taux d’intérêt.
Les États-Unis sont dans une situation budgétaire et d’endettement difficile : une dette colossale qui représente 125 % du PIB américain, un déficit budgétaire de 6,2 % en 2023 et qui ne diminuera pas en 2024.
Or, la baisse massive des impôts promise par le futur nouveau président aura pour conséquence à court terme, une aggravation du déficit budgétaire et un accroissement de l’endettement du pays. Les marchés réagissent déjà, aujourd’hui par une hausse des taux longs auxquels le pays emprunte. Un mouvement qui va se poursuivre et entraîner également à la hausse, les taux longs en Europe. Une mauvaise nouvelle notamment pour la France dans sa situation d’endettement actuelle !
Les taux longs auxquels empruntent les États devraient rester durablement à des niveaux plus élevés étant donné que la réduction de l’endettement des États-Unis n’est absolument pas dans les priorités de Donald Trump. Une situation qui rendra la tâche plus difficile aux pays lourdement endettés comme la France.
La dynamique favorable pour l’économie américaine, donc pour l’emploi et les salaires, couplée à la forte hausse des droits de douane qui feront monter les prix des produits importés, devrait aussi avoir pour conséquence, un niveau d’inflation qui pourrait avoir du mal à reculer ou inversement repartir à la hausse. Le processus de baisses des taux (des taux courts rappelons-le) opéré par la banque centrale américaine (la FED) pourrait alors être ralenti ou différé dans les prochains semestres. Le taux actuel de la FED est à 4,75 %.
En Europe, la dynamique est inverse : : l’économie ralentit, la croissance est très faible et l’inflation est retombée aux niveaux d’avant le Covid. La banque centrale européenne doit absolument baisser ses taux (aujourd’hui à 3,25 %) dans les prochains mois. L’écart des taux d’intérêts courts entre l’Europe et les États-Unis qui en résultera aura pour conséquence une hausse du Dollar par rapport à l’Euro. Le mouvement a déjà commencé.
Une hausse du dollar signifie un renchérissement du coût du gaz et du pétrole pour les pays de la zone euro qui achètent leurs matières premières en Dollar. Mais la baisse de l’euro est favorable aux exportations vers les États-Unis, du moins pour celles qui ne subiront pas la hausse des droits de douane.
Troisième conséquence : la Chine va devoir relancer son marché intérieur.
Fin septembre dernier, les autorités chinoises ont pris une série de mesures assez fortes pour relancer l’immobilier en crise depuis 3 ans et soutenir ses marchés financiers.
Ce sont désormais, des mesures budgétaires et fiscales qui devraient être prises prochainement, afin que la Chine puisse relancer son marché intérieur alors que son économie connaît un fort ralentissement depuis 2021. L’élection de Donald Trump et la mise en application prochaine de sa politique protectionniste à l’égard de la Chine ne laissent que peu de doutes sur l’annonce de ces mesures. Des mesures, qui selon leur importance, auraient un impact plus ou moins marqué sur la croissance mondiale et les cours du pétrole.
Quel impact pour les placements ?
L’élection de Donald Trump va précipiter rapidement l’Europe dans une crise de son modèle économique basé sur le libre-échange et de ses institutions. Une situation défavorable pour les actions européennes et à contrario, favorable pour les actions américaines qui faut privilégier, mais avec prudence et une grande diversification. Les petites et moyennes capitalisations américaines devraient tirer davantage profit du nouveau contexte qui se dessine.
Si un changement significatif de gouvernance de l’Europe avait lieu en réaction à la situation que nous venons d’exposer, alors les actions européennes pourraient progresser à nouveau, en raison de leur forte décote par rapport aux actions américaines. Un scénario qu’il est malheureusement difficile d’envisager aujourd’hui en raison de la faiblesse du pouvoir en France et en Allemagne.
Les placements obligataires restent à privilégier, en particulier les obligations d’entreprises. Une hausse des taux longs et une inflation qui pourrait repartir à la hausse, conséquences des actions que souhaite mener Donald Trump, sont à la fois des opportunités, mais aussi des risques à court terme de volatilité sur des fonds obligataires qui investissent sur des durées longues. Globalement, le contexte est porteur pour les obligations.
Après un premier fort rebond fin septembre dernier, les actions chinoises pourraient à nouveau progresser significativement à l’annonce qui se fait attendre de mesures de relance budgétaire en Chine. Elles entraîneraient dans leur sillage, les actions asiatiques dans leur ensemble.
Enfin, un contexte de dégradation économique prévisible et de hausse des taux longs n’est pas favorable au marché immobilier en France. Les taux d’intérêts immobiliers fixes à 15 ou 20 ans sont avant tout guidés par l’évolution du taux d’intérêts à 10 ans auquel l’État français emprunte. Son taux fixé aujourd’hui à 3,12 %, a plus de chance de se maintenir ou de monter que de baisser.