Bilan de l'année 2023 et perspectives 2024

18/01/2024
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L’année 2023 vient de s’achever et je vous propose de faire le bilan de cette année écoulée pour mieux appréhender ce qui pourrait nous attendre en 2024, mais aussi au-delà.

 

Une année 2023 marquée par des mouvements importants sur les taux d’intérêts 

Le premier semestre de 2023 a été marquée par la poursuite de la hausse des taux d’intérêts enclenchée par les banques centrales au cours du printemps et de l’été 2022. Des taux d’intérêts qui ont atteint des niveaux historiquement élevés : 4,5 % en Europe (BCE) et 5,5 % aux Etats-Unis (FED). Des niveaux désormais stabilisés depuis l’été dernier, mais toujours en vigueur aujourd’hui. Ces taux sont des taux courts auxquels les banques centrales prêtent aux banques pour leur permettre de financer les particuliers et les entreprises. 

Les taux longs (de 10 à 30 ans pour financer les Etats), dont le niveau est fixé non pas par les banques centrales mais par les marchés financiers, ont connu une période d’accélération à la hausse au cours des mois de septembre et octobre suivie d’une forte baisse en novembre et décembre à la suite de publications de chiffres de l’inflation meilleurs qu’attendus en Europe et aux États-Unis et de l’annonce par la FED qu’elle baissera ses taux en 2024.

Les marchés actions et obligataires ont été très sensibles aux mouvements sur les taux longs et ils le resteront encore en 2024.

La politique de hausse très agressive des taux d’intérêts pour lutter contre l’inflation a donc produit ses effets avec des hausses de prix désormais inférieures à 3 % en Europe et aux Etats-Unis au cours du mois de novembre dernier. 

 

2024 sera l’année des premières baisses de taux des banques centrales

Si l’inflation peut encore enregistrer quelques sursauts à la hausse, sa tendance reste à la baisse, l’objectif des banques centrales étant fixé à 2 %. Les analystes financiers prévoient des premières baisses de taux entre mars 2024 pour les plus optimistes et le début du 2ème semestre 2024.

Une bonne nouvelle pour les placements ? Oui ! Pour tous les actifs : actions, obligations et l’immobilier. Mais attention ! N’oublions pas que la baisse de l’inflation n’est que la conséquence d’un ralentissement de l’économie organisée par les banques centrales !

Si l’année 2023 fut une année très résiliente pour l’économie américaine et dans une moindre mesure pour l’économie européenne malgré le choc des taux d’intérêts, 2024 pourrait présenter une autre configuration. 

Le pilotage de la baisse des taux devra alors être bien ajusté : ne pas baisser les taux trop rapidement pour éviter une reprise de l’inflation mais ne pas trop tarder à les baisser non plus et dans une bonne proportion pour éviter de « casser » l’économie et de la faire entrer dans une récession durable.

Ce sera le défi de cette année qui conditionnera l’évolution des actifs financiers et plus particulièrement celle des actions. 

 

Les obligations, le placement à privilégier en 2024

Nous vous avions recommandé tout au long de l’année 2023 d’investir sur des obligations au travers de fonds obligataires datés. Avec des performances enregistrées au cours de l’année comprises entre 10 % et 14 % pour la plupart des fonds datés, 2023 aura marqué le grand retour des obligations comme un placement à nouveau rémunérateur et peu volatil.

Dans la continuité de l’année 2023, 2024 offre des conditions extrêmement favorables aux obligations. Pourquoi ?

La rémunération annuelle des obligations reste toujours très attractive : entre 3,5 % et 6 % selon les fonds et la qualité de signature des titres en portefeuille.

Mais surtout, la baisse des taux à venir dont la visibilité est vraiment exceptionnelle sera un facteur de plus-value significatif pour les obligations. 

 

Entre baisse des taux et dégradation de la conjoncture économique, les actions, une classe d’actifs plus délicate à appréhender en 2024

La baisse des taux à venir est une bonne nouvelle pour les actions en particulier pour celles qui ont si durement été impactées par la hausse des taux en 2022. Une bonne nouvelle achetée en partie en novembre et en décembre dernier par les marchés et qui s’est traduit par un fort mouvement haussier !

Mais cette bonne nouvelle pourrait voir ses effets ternis par des résultats d’entreprises qui déçoivent des investisseurs restés probablement trop optimistes dans leurs attentes. Les sociétés de gestion sont toutes assez unanimes sur ce dernier point. Bref, une année incertaine pour les actions avec certainement de la volatilité à la clé. 

2024 pourrait néanmoins surprendre favorablement et surtout être une année d’opportunité pour certaines valeurs. Explications :

  • En 2023, le rebond sur les actions s’est concentré sur un nombre limité de valeurs et uniquement sur des très grandes capitalisations en Europe ou surtout aux États-Unis. 
  • Le phénomène aux États-Unis est impressionnant concernant l’indice S&P 500 (les 500 premières valeurs américaines) : 7 valeurs (Apple, Microsoft, Alphabet,…) ont vu leur cours progresser très fortement tandis que les 493 valeurs restantes n’ont pas bougé ou très faiblement progressé. Il reste donc, un potentiel de rebond pour un très grand nombre de valeurs !
  • Les marchés sont toujours dans l’anticipation, ne l’oublions pas ! Ils rebondissent plusieurs mois avant leur estimation du creux d’une conjoncture économique. En Europe, ce creux est attendu vers le milieu de l’année 2024. 
  • 2024 pourrait ainsi être l’année des petites et moyennes capitalisations européennes qui n’ont quasiment pas rebondi en 2023 après une année noire en 2022. Elles offrent des points d’entrée très attractifs. Ces valeurs sont particulièrement sensibles à l’évolution des taux d’intérêts. La baisse des taux leur sera bénéfique ! Enfin, à noter qu’elles ont historiquement toujours sur-performé les grandes capitalisations.
  • 2024 sera-t-elle enfin l’année d’un rebond significatif des actions chinoises après une troisième année consécutive de baisse, et ce, contre toute attente après l’arrêt des confinements fin 2022 ? La réponse dépendra de la réaction des autorités chinoises face à une économie en ralentissement et un secteur immobilier en souffrance. Les investisseurs attendent aussi des gages de confiance à la suite de mesures politiques peu libérales dirons-nous, prises en 2021 et 2022 et qui les ont fait fuir. Les actions chinoises ont perdu en moyenne 60 % en 3 ans ! 

 

L’immobilier a souffert en 2023 et ce n’est pas terminé !

L’année 2023 restera dans les mémoires de tous les professionnels de l’immobilier comme une année noire ! Après des années d’euphorie tant dans les volumes de transactions que dans l’évolution des prix entretenue par des taux anormalement bas, 2023 est un choc : un volume de crédits immobiliers qui s’effondre d’environ 40 % par rapport à 2022, des transactions dans l’ancien en repli de 20 à 25 % et d’environ 50 % dans le neuf.

Les prix quant à eux baissent, mais de manière encore peu sensible au regard des chiffres évoqués précédemment et avec une grande disparité selon les villes et les typologies de biens : entre 0 % et au moins 8 % (estimations des notaires et de l’Insee). 

2023 aura vu le marché immobilier se bloquer entre des acheteurs qui ont vu leur capacité d’achat baisser sur une année d’au moins 20 % en raison de la hausse des taux et des vendeurs qui n’ont pas pris suffisamment tôt, la mesure de cette situation pour ajuster leur prix de vente. La baisse des prix devrait logiquement s’accélérer en 2024 et permettre ainsi au marché de redevenir actif.

 

Et si l’on regarde à plus long terme…

A l’image de ce qui se passe en Chine qui n’a rencontré aucune problématique d’inflation, l’Europe et les Etats-Unis devraient retomber dans un cycle de faible croissance. Allons-nous alors, revenir vers une situation d’avant Covid avec des taux d’intérêts à nouveau très bas ou négatifs et une inflation anémique ? 

Non, certainement pas ! Car plusieurs problématiques de long terme seront source d’inflation et d’un maintien durable de taux d’intérêts positifs significatifs.

1er sujet : l’endettement massif des États.

Un endettement qui a fortement progressé en raison de la crise du Covid. Mais surtout, une dette qui a désormais un coût considérable pour le budget des États dans un contexte de taux d’intérêts qui n’a plus rien à voir avec celui qui a précédé la crise du Covid. Concernant la France, la soutenabilité de la dette devient un sujet majeur. 

2ème sujet : l’urgence climatique.

La crise du Covid a mis en évidence l’urgence d’agir dans un monde déstabilisé par des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes. Le défi est majeur : transformer l’économie afin qu’elle n’ait plus à terme recours aux énergies fossiles et réduire ainsi drastiquement, les émissions de CO2 dans l’atmosphère. Une transformation qui nécessite des investissements colossaux au moment même où la soutenabilité de l’endettement public mondial interroge. Des investissements dont les coûts se répercuteront forcément dans les prix.

Et enfin, deux autres sujets qu’il serait trop long de développer ici et qui pourtant ne sont pas à négliger : la démographie dans les pays développés avec un vieillissement des populations et la naissance d’un front anti-occidental tant sur le plan politique que sur le plan économique constitué notamment par la Chine, la Russie, la Turquie et l’Iran.

Aussi, au regard de ces sujets de long terme et de leur impact logique sur l’avenir des taux d’intérêt, nous pouvons penser que le retour des obligations comme un placement à nouveau rémunérateur pourrait ne pas constituer juste un épiphénomène. Quant à l’immobilier, un ajustement significatif sur les prix semble inévitable pour redevenir accessible en tant que bien de jouissance et retrouver une rentabilité attractive pour de l’investissement locatif.