Retour brutal vers des taux d’intérêts « normaux »

11/10/2022
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L’année 2022 restera une année historique en matière d’évolution des taux d’intérêts pour endiguer l’inflation. Déjà cinq hausses de taux orchestrées par la banque centrale américaine (la FED) depuis le début de l’année, deux hausses de taux en Europe menées par la BCE. Des hausses de taux très fortes. Et ce n’est pas terminé ! Les marchés obligataires et d'actions souffrent. 
 

L’inflation, un mal à combattre par tous les moyens !
 

Le niveau d’inflation actuel exceptionnellement élevé est désormais un mal qu’il faut combattre par tous les moyens. Un mal qui pourrait être plus difficile et plus long à éradiquer aux Etats-Unis au regard des dernières statistiques qui ne sont toujours pas encourageantes. C’est dans cet esprit que la FED a très clairement annoncé au mois d’août dernier qu’elle poursuivra ses hausses de taux d’intérêts. Un discours désormais similaire en Europe de la BCE, mais avec des actions certainement moins énergiques à attendre qu’aux Etats-Unis.
 

Faire ralentir fortement les économies même si elles rentrent en récession :  telle est la stratégie des banques centrales pour résoudre le problème actuel de l’inflation. Avec pour objectif : retrouver une situation économique qui prévalait avant l’arrivée du Covid.
 

Ralentir l’économie jusqu’à la récession, cela signifie une demande qui s’affaiblit par rapport à l’offre, des carnets de commandes pour les entreprises qui diminuent, des licenciements, une hausse du chômage, bref, tous les ingrédients pour stopper la hausse des salaires, faire baisser les prix des matières premières, des services et des biens de consommation, et donc faire baisser l’inflation ! 
 

L’inflation : la preuve que les banques centrales ne peuvent pas régler tous les problèmes !
 

Si l’action des banques centrales par la baisse des taux d’intérêts jusqu’à des taux négatifs et une création monétaire sans précédent a été le remède depuis une décennie à des croissances très faibles dans les pays développés, aux déficits budgétaires successifs de nombreux Etats, à leur endettement croissant et au choc de la crise du Covid sur les économies, le niveau d’inflation actuel nous prouve une chose : elles ne peuvent pas faire indéfiniment des miracles ! Créer de l’argent magique sans limite et mettre les taux d’intérêts à zéro entraînent tôt ou tard des conséquences négatives. Et ce sont les populations les plus modestes qui en payent le plus lourd tribut, mais aussi les jeunes générations !
 

La réaction très violente du marché obligataire depuis le début de l’année est un avertissement brutal fait aux Etats les plus endettés et les plus laxistes sur le plan budgétaire : les banques centrales ne peuvent pas régler tous leurs problèmes !
 

Nous venons en effet de vivre un Krach obligataire historique. Certaines obligations ont perdu jusqu’à 30 % à 40 % depuis le début de l’année.
 

Qu’est-ce qu’un Krach obligataire ? Une baisse très forte de la valeur des obligations qui découle d’une hausse très rapide des taux d’intérêts. Les obligations, rappelons-le, sont des dettes émises par des Etats, des collectivités ou des entreprises et financées par les épargnants.
 

Et pour bien comprendre cette situation, voici l’évolution sur 9 mois des taux d’intérêts à long terme (à 10 ans) des emprunts d’Etats suivants :

  • Etats-Unis : pic à 3,88 % en septembre 2022, 1,39 % en décembre 2021
  • France : pic à 2,75 % en septembre 2022, -0,03 % en décembre 2021
  • Allemagne : pic à 2,10 % en septembre 2022, -0,37 % en décembre 2021
  • Italie : pic à 4,70 % en septembre 2022, 0,79 % en décembre 2021

Cette hausse très rapide et très forte des taux d’intérêts des dettes d’Etats a affecté tout le marché obligataire (dettes d’entreprises également) mais aussi, les marchés d'actions. 
 

Le marché immobilier en France devrait être également impacté de manière plus ou moins prononcée selon les régions et les typologies de biens. En effet, les taux d’intérêts des prêts immobiliers suivent mécaniquement l’évolution des taux d’emprunt de l’Etat Français. 
 

Un monde durablement plus inflationniste qu’auparavant ?
 

La question est désormais de savoir si les taux d’intérêts actuels auxquels les Etats empruntent, sont des taux anormaux ou si au contraire, les taux négatifs ou très proches de zéro auxquels les Etats empruntaient jusqu’à fin 2021 étaient des taux anormaux et les taux actuels, un retour à la normale ?

Et pour répondre à cette question, il faut au préalable tenter d’évaluer le niveau d’inflation que nous pourrions connaître dans les prochaines années.
 

Les marchés estiment que le niveau d’inflation devrait retomber d’ici fin 2023 à un niveau compris entre 2 et 3 %. Cependant, de nombreux facteurs inflationnistes structurels devraient maintenir un niveau d’inflation à moyen/long terme sensiblement plus élevé que ce que nous avons connu au cours de la dernière décennie : 

- La démographie : une population vieillissante en Chine, au Japon et en Europe signifie une hausse des coûts de santé, moins d’épargnants dans le monde, une population active en diminution en particulier en Chine favorisant une hausse du coût du travail et une diminution des capacités de production. Un rapport récent des Nations Unies prévoit une diminution de moitié de la population mondiale d’ici 2100.

- Le commerce : reflux du commerce international, relocalisations industrielles, comportement d’achat local, fin possible de la baisse des prix dans le commerce en ligne.

- La transition énergétique : des investissements colossaux qu’il faut amortir et qui renchérissent le coût de l’énergie.

- Le dérèglement climatique et ses conséquences sur les productions agricoles, les besoins en eau, l’assurance des biens suite à des intempéries toujours plus nombreuses et plus graves.

- La raréfaction de ressources énergétiques ou minières.
 

En Europe, les décisions prises par l’Union européenne vis-à-vis de la Russie en réponse à sa guerre menée en Ukraine privent tous les Etats européens de ressources énergétiques à bas coût et dont ils étaient jusqu’à présent très dépendants. L’approvisionnement en ressources auprès d’autres pays se fera à des niveaux de prix durablement plus élevés. 
 

Aussi, cette analyse nous mène à penser que dans un contexte d’inflation durablement plus modérée que dans le passé, les taux d’intérêts actuels correspondent certainement à un retour à une situation normale.
 

Des taux d’intérêts à nouveau « normaux », une bonne nouvelle pour les épargnants ! 
 

Ce retour très rapide à des taux d’intérêts à nouveau « normaux » est une bonne nouvelle pour les épargnants. Les obligations rémunèrent à nouveau et à des niveaux actuels rarement connus ! 
 

Elles offrent actuellement un couple rendement/risque particulièrement attractif !
 

Par ailleurs, n’oublions pas qu’après un Krach, il y a toujours un rebond qui en général est assez puissant.

Le marché obligataire, 2ème marché d’actifs dans le monde après le marché immobilier et bien avant le marché actions est stratégique en particulier pour le financement des retraites dans les pays ayant un système de retraites essentiellement par capitalisation.
 

Des marchés actions toujours très agités !
 

Les hausses de taux encore à venir maintiennent les marchés d'actions sous pression. Ils s’interrogent sur l’ampleur de ces hausses de taux et son impact sur le ralentissement de l’économie et le risque de récession que pourraient subir les Etats-Unis et l’Europe. 
 

Une récession marquée ferait en toute logique baisser davantage le cours des actions. Mais les choses ne sont pas aussi simples !
 

En effet, aux Etats-Unis, les signes de ralentissement de l’économie sont perçus actuellement par les marchés comme une bonne nouvelle. Pourquoi ? Parce que ralentir l’économie est LA solution pour stopper et faire baisser le niveau d’inflation et donc espérer la fin prochaine des hausses de taux d’intérêts en particulier aux Etats-Unis. 
 

Rappelons que la forte baisse des marchés d'actions américains et européens depuis le début de l’année n’a qu’une seule origine : la remontée des taux d’intérêts aux Etats-Unis et accessoirement aussi en Europe.
 

Aussi, les actions continueront d’être très volatiles dans les prochains mois et la prudence reste de mise. Les marchés actions seront tiraillés entre des nouvelles positives au regard de l’inflation et des nouvelles négatives concernant une probable dégradation des résultats des entreprises. 
 

Les plus belles opportunités d’investissement naissent dans ces périodes d’agitation. 
 

Les indices actions ont baissé depuis le début de l’année d’environ 20 % en Europe et d’environ 20 % à 30 % aux Etats-Unis.
 

Même s’il est impossible de déterminer le point bas du marché, une très grosse partie de la baisse est certainement derrière nous, en particuliers pour les valeurs qui ont le plus souffert de la remontée des taux d’intérêts. Leurs prix sont à nouveau très attractifs. 
 

Le moral des investisseurs est au plus bas depuis le début de l’année. Or, les phases de retournement de marché les plus fortes ont toujours suivi les périodes de forte déprime des investisseurs.
 

Le moindre signal positif peut entraîner des réactions d’achat beaucoup plus fortes que dans des périodes qui offrent beaucoup plus de visibilité.
 

Les mois qui viennent nécessitent vigilance et réactivité pour saisir les opportunités déjà existantes aujourd’hui.